L'an 1 du décret sur les sacs plastiques

A quelques semaines de l'an 1( 20 février 2013) de l'application du décret sur l'interdiction des sacs plastiques, je vous suggère de lire une interview accordée à la "Semaine africaine" le 31 janvier 2012.  Bonne lecture.

Juriste environnementaliste, détenteur d’un Master II en droit international comparé de l’environnement, mais aussi président de l’O.c.d.e (Observatoire congolais du droit de l’environnement), une O.n.g du projet Curop (Création d’une unité de recyclage des objets plastiques), dont le but est de promouvoir un système de traitement des déchets plastiques à Brazzaville, afin de contribuer à l’assainissement de la ville (sachets et autres plastiques: bouteille eau minérale et cantine hors d’usage). Bienvenu Parfait Matsala a bien voulu réagir au décret pris par le gouvernement de la République interdisant certaines catégories de sachets au Congo, qui est entré en vigueur le 20 janvier dernier. Interview.
* M. Bienvenu Parfait Matsala, pourquoi vous intéressez- vous aux sachets?
** Par rapport à ma formation, je ne peux qu’être sensible aux déchets. Les sachets usagers, à notre niveau, ne sont plus vus comme déchet mais comme matière première. Etant donné que l’un des objectifs du projet Curop est la récupération des objets plastiques, les sacs plastiques (sachets d’emballage) occupent une place de choix. Les sachets ramassés sont recyclés valorisés. Ils servent à la fabrication des pavés de dallage à usage de jardins, cours, trottoirs…
* Comment entrevoyez-vous l’avenir du décret interdisant la consommation de certaines catégories de sachets?
** En matière réglementaire et législative, le Congo n’est pas à son premier décret. Juridiquement, ce qui cloche dans nos règlements et nos lois, c’est l’absence d’un dispositif de sanction et la volonté d’application du côté des autorités concernées. Je pense, tout simplement, que le décret relatif aux sachets connaîtra le même sort que les premiers. Car, il faut souligner qu’en matière du droit de l’environnement, la démocratie environ-nementale est une nécessité. En ce qui concerne la décision gouvernementale, les citoyens doivent, toujours, être associés au processus décisionnel. La décision est un processus dans lequel il faut, toujours, associer les concernés pour qu’à terme elle soit efficace. Or, à ce que je sache, pour ce décret, la société civile, encore moins, les citoyens au cœur de la décision n’ont pas été associés.
* Quel est, selon vous, l’approche appropriée pour lutter contre les sacs plastiques (sachets)?
** Entre l’interdiction et la gestion, la deuxième approche présente beaucoup plus d’avantage sur le plan socio-économique et sanitaire. Une interdiction sans alternative crédible et viable gérée dans notre pays. Il n’est pas question d’arrêter l’activité économique (industrie et commerce) florissante dans le secteur. Les grands environnementalistes avaient la prémonition selon laquelle, l’environnement est un secteur promoteur. Il faut, tout simplement, promouvoir l’industrie de recyclage, et par conséquent, faire avancer l’économie et réduire le chômage et, partant, l’atteinte des objectifs du millénaire. Une expérience qui mérite d’être appuyée, est, actuellement, en cours dans l’arrondissement 7 Mfilou (Moutabala), où des sachets sont collectés avec le concours de l’association Espoir et vie (A.e.v) et valorisés par l’Ocde (Projet Curop, en fabricant des pavés de dallage en plastique.

Propos recueillis par
Alain Patrick MASSAMBA